Vendredi 27 juin, 13h25. J'arrive à l'hôtel que m'a indiqué Paul, dans le 10e arrondissement, à Paris. Comme tous les hôtels proches des gares parisiennes, il semble réservé aux amants qui se retrouvent pour un après-midi…
Je dois me présenter à l'accueil et demander la clé de la chambre 603. « Dix minutes avant votre arrivée à l'hôtel, faites le moi savoir par SMS afin que je laisse la clé à la réception. Lorsque vous serez là, envoyez un SMS. » Ça ressemble à certains scénarios de films où la tension augmente à mesure que la femme s'approche de l'homme qui la désire et va enfin la posséder. Ce jour-là, je suis cette femme !
Lui parti, j'enlève mon bandeau. Que ce fut chaud ! Sur la table, je découvre : sa cravache, l'écuelle, une laisse, une canette de bière. Je suis encore bluffée, sur mon petit nuage, j'ai l'impression d'être déjà transformée, d'être dans un film. Je me douche, rassemble mes affaires, y ajoute les présents de Paul. Je prends l'ascenseur et descends à la réception déposer la clé. En me voyant me diriger vers la porte, la réceptionniste me dit : « Il est dans le patio, si vous le souhaitez… » Je réponds que non, un peu fière de moi…
Paris libertin est un propos – texte et photos – intimiste d'une grande beauté, crudité et liberté. Texte sobre, direct, incisif, parfois sensuellement cru, qui nous projette dans l'univers dépouillé d'une sexualité totalement libre et sans tabou. Si ce propos – texte et photos – peut-être saillant, percutant, peut être même blessant pour certains, il démontre pour d'autres un profond respect de l'intimité la plus personnelle au point où elle n'est en général pas partagée. C'est en effet l'intime de l'intime auquel Ressan nous donne accès, un intime que l'on ne peut pénétrer qu'au prix de son propre engagement.
Il est difficile de décrire la beauté « crue » de ces scènes intimistes, des gestes qui ne sont jamais connus, ni décrits tant ils sont personnels. « Mes photos racontent des tranches de vie à l'état brut, témoigne Ressan. La difficulté à laquelle je suis confronté dans mon travail de photographe c'est de dévoiler une réalité sans avoir l'obligation de montrer un acte sexuel dans toute son animalité. Mes photos ne répondent pas aux codes de la pornographie, vous ne verrez pas de sexe en gros plan ; c'est alors tout un travail d'équilibriste, de dosage juste, qui s'impose (…) Pour réaliser le type de photographies auquel je me consacre depuis de nombreuses années, il faut avoir de l'empathie, un regard imprégné de tendresse, pour celles et ceux qui offrent au regard étranger du photographe ce qu'ils possèdent de plus intime, de plus précieux même. »
C'est à 17 ans que Ressan rencontre Helmut Newton. Il était alors livreur d'un atelier photographique et ignorait l'artiste qu'était Newton. Il passera de nombreuses journées à l'observer dans son appartement de la rue de l'Abbé-de-l'Épée dont il repartait en se disant : « C'est ça que je veux faire ! » Ressan a exposé l'an dernier à la galerie Émilie Dujat à Bruxelles. Son exposition actuelle : à l'Art Design Gallery à Guethary (côte basque) du 15 avril au 30 juillet 2017. Et son livre, Paris libertin by Ressan est disponible en librairies, sur les grands sites en ligne ou son site personnel
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