Ressan le photographe de l'infiniment intime...

Ressan nous conte la liberté, et le désir, qui rend tout possible. Son œuvre, pour qui feuillettera ce site d'un œil d'esthète pressé, sera peut-être, de prime abord, un florilège d'images. De celles qui créent une réelle impression, de celles que l'on aime à se remémorer, de celles qui alimentent le bonheur des yeux et, pourquoi pas, le trouble intérieur.

Qui souhaitera, par surcroît, faire entrer sa visite dans la durée plus encore que dans l'émotion, pourra y découvrir un récit pictural, en plusieurs actes, ponctués d'interludes. Ressan a su saisir un libertinage entre les lignes. Pas le libertinage singé, mythifié, ou commercial, mais le libertinage de ses contemporains, incarné, un libertinage avec ses temps. Celui de la chair conjuguée. Celui des pauses et des soupirs. Celui du rire, liminaire et postérieur.

Dans les scènes, et non les poses, présentées par Ressan, vous pourrez certes trouver des corps, des muscles ardents, mais plus que tout, l'auteur n'a pas oublié qu'il n'existe guère de baisers muets. Il vous en tend l'écho. Tout comme il sait rendre l'éclat, inattendu, furtif ou incongru, croisé au coeur des délices variées. Le brillant d'un cuivre, la rondeur jolie d'un genoux, la robe d'un vin, une chaîne qui tintinnabule. Ni voyeur ni importun, l'invité qu'il est , complice et témoin, est un homme d'art, restituant les couleurs et les matières. Riche de son point de vue, il sait les glisser dans son style. Plus encore, quand le photographe se fait historiographe, il vous invite à écouter la musique des sens, ou à l'écrire.

Ces pages forment un livre de riches heures. La comparaison ne fera pas grincer de dents, les Tartuffe me pardonneront, car ici, le pire des péchés, celui contre le bon goût, n'a pas droit de cité.

Martin Benoist

Autoportrait.